
Grace Dube est une chrétienne sud-africaine et femme de pasteur. L’association « Portes Ouvertes » au service de l’église persécutée a rapporté certains faits marquants de son histoire. C’est Grace qui raconte :
Un dirigeant marxiste déclara un jour, que l’amour chrétien est un obstacle au développement de la révolution communiste. « Nous avons besoin de haine, pas d’amour ! » disait-il.
Ces paroles furent aussi clamées par une foule démontée qui venait voir mon mari Benjamin, à Soweto. Le Seigneur avait appelé Benjamin à apporter un message de pardon, d’amour et d’espérance dans une banlieue agitée. Beaucoup de gens étaient venus l’écouter, mais d’autres étaient furieux.
- Tu es noir toi-même, criaient-ils ! Pourquoi donc nous parles-tu d’aimer les blancs ?
- Nous ne devons haïr personne, parce que Jésus nous aime tous, blancs ou noirs ! répondait-il chaque fois.
- Si tu n’arrêtes pas de prêcher l’amour, nous te tuerons !
Une nuit, Benjamin s’est réveillé et a rassemblé notre famille. Il nous a parlé des menaces qu’il avait reçues.
- Je crois qu’ils vont bientôt me tuer ! a-t-il conclu.
Je savais qu’il ne disait pas ces choses à la légère, et que je ne pourrai pas le persuader d’arrêter de prêcher l’amour et le pardon. Cette nuit-là, il a prié avec nous tous.
- Restez fidèles à Jésus, a-t-il dit. Aimez ceux qui me tueront, parce que Jésus les aime.
Quelques jours plus tard, sa voiture fut arrêtée par des noirs comme lui. On l’a tiré hors du véhicule et battu à mort. Ses meurtriers ont pris sa bible et l’ont trempée dans son propre sang.
Mais Benjamin n’en demeurait pas moins un messager d’amour.
Benjamin n’était pas seul lorsqu’on l’a tué. Un de mes fils était avec lui, Benjamin Junior. Il n’avait que douze ans et il est parvenu à s’échapper. Caché derrière un baril, il a vu ce qu’on faisait à son père. Il est revenu en courant à la maison, à Soweto, pour me dire ce qui était arrivé. Mon mari avait prédit ces choses, mais je ne parvenais pas à croire ce qui venait de se produire.
Mon fils est allé dans sa chambre et a pleuré, pleuré toute la nuit. Mais le Seigneur a parlé au cœur de mon garçon. Il a entendu une voix merveilleuse, la même que son père avait entendue. Son père lui disait souvent : « Benjamin, tu dois prendre ma place et chanter pour le Seigneur, s’il m’arrive quoi que ce soit. »
Tôt le lendemain matin, j’ai entendu quelqu’un chanter dans sa chambre à coucher. Au début, c’était une voix brisée, puis elle s’est éclaircie. Mon garçon chantait pour le Seigneur ! Il chantait un verset des Ecritures : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Je pouvais à peine me contrôler. Seigneur, rends-moi comme mes enfants. Aide-moi à pardonner !
Mon fils et moi avons chanté ce merveilleux chant ensemble depuis lors, dans de nombreuses réunions, dans de nombreux pays, devant beaucoup de gens blessés qui devaient pardonner eux aussi.
Père, pardonne-nous, car nous aussi, nous ne savons pas toujours ce que nous faisons.
Grâce DUBE