
Quand la journée commence mal, en général mieux vaut attendre la suivante. C’était mon cas en début de semaine… la nuit qui n’avait de nuit que le nom et l’obscurité, des douleurs du triceps insoutenables, je ne pouvais plus endurer davantage. J’ai pensé à Job, dont j’ai même recommencé la lecture… voilà, le sac et la cendre. Si j’avais vécu à une autre époque, je serais habillée comme ça… juste un sac et de la cendre…
Sur ces pensées très positives dont je ne suis pas très fière, la journée a avancé tranquillement jusqu’à ce fameux message sur mon téléphone qui annonçait deux explosions à Beyrouth. Hébétée est peut-être le mot qui caractériserait le mieux mon état. Vous croyez être la personne la plus misérable au monde, et sur l’échelle de la misère vous réalisez tout à coup que vous n’avez même pas franchi le premier palier… non, vraiment. Et les nouvelles qui arrivaient au compte-goutte… mon petit fils à l’hôpital, blessé, mais à quel point ? Les parents n’étant pas avec lui lors de l’explosion, impossible de joindre l’hôpital car les rues sont embouteillées comme seules peuvent l’être ces artères après une catastrophe aussi monstrueuses.
Nous passons des minutes très longues à attendre d’autres messages, plus rassurants… Ce n’étaient que des éclats de verre, mais rien de grave, par rapport aux personnes mutilées ou mourantes qu’il a croisées lors de son passage à l’hôpital. Arrivent ensuite les photos de l’appartement totalement dévasté…
Alors détresse ou désespoir ? Y a-t-il une différence d’ailleurs ? Oui… je pense !
Le désespoir est le fond du fond, il n’y a plus d’espérance, plus rien à quoi se raccrocher ! Avec la détresse, une place demeure pour la consolation, pour un peu de lumière, même si elle est infime. Dans la détresse, il nous reste nos bases, nous sommes mal, certes, mais toujours debout sur le rocher : « L’Éternel est un refuge aux jours de la détresse » (Ps 9, 10) Dans la détresse, l’espérance demeure ! C’est ce qu’a dit Paul : « Nous sommes dans la détresse, mais non dans le désespoir » ou dans une autre version « Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis » (2 Cor 4, 8 et 9) Oui, l’espérance demeure ! Des fois elle est bien profonde en nous, semble hors d’atteinte, mais elle est là ! Quand on coule dans l’eau, il nous reste cet instinct de survie quand on touche le fond qui nous fait taper du pied bien fort, et ça nous donne de l’élan, un élan suffisant pour remonter à la surface et respirer un grand coup !
Le choc d’abord, puis tous vos messages de soutien, d’amour, de sympathie, tout ça a été cet élan pour remonter et prendre une grande respiration ! Oui, « mon rédempteur est vivant, Lui qui se lèvera le dernier sur la terre » ! (Job 19, 25) Bon j’avoue, il n’y a pas que le sac et la cendre dans le livre de Job !! Et mes amis, vous tous… vous êtes formidables ! Je remercie Dieu pour chacun de vous !
Avec toute mon affection,
Hélène