
La grandeur plurielle de notre Dieu tient au fait qu’Il est à la fois ferme d’Esprit et tendre de cœur. Il possède les deux qualités d’austérité et de douceur. Toujours prête à souligner l’un et l’autre des attributs de Dieu, la Bible exprime sa fermeté dans sa justice, sa tendresse de cœur dans son amour et sa grâce. Dieu a les deux bras étendus. L’un est assez fort pour nous entourer de justice, l’autre est assez doux pour nous embrasser de sa grâce.
Si Dieu n’était que ferme d’Esprit, Il serait un despote froid et sans ardeur, assis en quelque ciel lointain « contemplant toutes choses », comme écrit Tennyson dans son ouvrage. Il serait « le moteur non mû » d’Aristote, se connaissant lui-même mais n’aimant nul autre. Mais si Dieu n’était que tendre de cœur, il serait trop mou et sentimental pour agir lorsque les choses vont de travers, et incapable de contrôler ce qu’Il a fait. Dieu n’est ni dur de cœur ni faible d’Esprit. Il est assez ferme pour transcender le monde ; Il est assez tendre de cœur pour y vivre. Il ne nous laisse pas seuls dans nos luttes et nos combats. Il nous recherche dans les ténèbres et souffre avec nous et pour nous dans notre sort tragique d’enfants prodigues.
Parfois, nous avons besoin de savoir que le Seigneur est un Dieu de justice. Lorsque les géants endormis de l’injustice surgissent sur la terre, nous avons besoin de savoir qu’il y a un Dieu de puissance qui peut les faucher comme l’herbe, et les laisser se dessécher comme du foin coupé. Lorsque nos efforts les plus acharnés ne peuvent arrêter la vague déferlante de l’oppression, nous avons besoin de savoir qu’il y a dans cet univers un Dieu dont la force sans égale est l’exact opposé de la faiblesse sordide de l’homme.
Mais il y a aussi des temps où nous avons besoin de savoir que Dieu est amour et miséricorde. Lorsque nous sommes ébranlés par les vents froids de l’adversité, et battus par la tempête furieuse du désappointement, lorsque notre folie et notre péché nous égarent en quelque région lointaine et destructrice, que nous nous sentons frustrés dans un étrange sentiment de nostalgie, nous avons besoin de savoir qu’il y a quelqu’un qui nous aime, prend soin de nous, nous comprend et nous donnera une autre chance. Lorsque les jours deviennent ténébreux et les nuits lugubres, nous pouvons être heureux que notre Dieu combine en sa nature une synthèse créatrice d’amour et de justice, qui nous conduira par les vallées sombres de la vie jusqu’aux sentiers lumineux de l’espérance et de l’accomplissement.
Martin Luther King
« La force d’aimer »